
Dans l’ombre des colosses
Wednesdays aborde le sujet des violences sexuelles intrafamiliales et de l’inceste. De nombreuses personnes peuvent ressentir le besoin de parler de ces thématiques : si vous souhaitez vous adresser à des professionnels de la lutte contre les violences sexuelles et l’inceste, ARTE France a recensé une liste des associations Françaises et Belges que vous pouvez contacter si besoin.
C’est avec un long Trigger Warning que ce jeu s’ouvre, comme pour cette review. Je vous laisse découvrir celui-ci ci-contre, avant de passer à la suite. Wednesdays : c’est une œuvre dure qu’il ne faut pas prendre à la légère et ne pas utiliser comme larmoiement facile. C’est un récit personnel qui se transforme, via ce medium, en message pour tous·tes. Mais c’est quoi, concrètement, Wednesdays ?
Vous jouez à un jeu de gestion de parc à thème et posez vos petits souvenirs sous forme d’attractions. Un orque vous accueille, façon Windows 3.1, pour donner de la légèreté à tout cela, mais il n’en sera rien : Wednesdays parle d’inceste et le raconte à travers le jeu vidéo de façon unique, nouvelle, avec des propos crus ayant du sens, des mots qui marquent, expliquent et ne survolent pas plus qu’ils ne banalisent.
L’histoire de Tim est celle d’un être particulier, avec ses chemises colorées, ses conquêtes, ses questionnements sur la vie… et sur sa famille. Morcelée, sa mémoire est composée de plusieurs moments de vies que vous découvrirez au fil de la construction de ce parc, au hasard de vos choix, dans un ordre particulier. Chaque séquence est constituée d’un dialogue entre deux ou trois personnages, dans une scène unique au dessin particulièrement exquis. Tout est frais, coloré, mais il y a cette tête de cube pour Tim et certains des protagonistes qui donne le ton : tout cela a du sens, voir plusieurs sens cachés, enfouis dans une mémoire qui nous est livrée, avec laquelle on peut interagir, moment par moment. Clé par clé. Résolution par résolution. Puis viennent les conclusions.
Wednesdays est une Visual Novel forte, d’environ deux heures, qui ne peut pas laisser indifférent. Parce qu’elle ose parler de sujets durs, sans jamais oublier que chacun.e à son histoire personnelle, que nous sommes potentiellement tous·tes, un jour, confronté·e·s à des moments difficiles, et que s’en sortir reste une bataille d’une vie. Wednesdays donne du courage, de la force, des bases, des éclaircissements, mais surtout, il rappelle de ne plus jamais se taire, de plus que jamais écouter les victimes et de se battre pour que les mercredi soient et restent des jours de la semaine comme les autres dans la psyché des humains que nous sommes tous·tes.
Ceci n’est pas une critique, c’est un constat : Wednesdays est une œuvre magnifique qui se doit d’être jouée, vue, racontée et transmise. Merci à toute l’équipe.