Rapide Critique

Football Manager 2021

Développeur : Sports Interactive – Éditeur : Sega
Date de Sortie : 23 novembre 2020 – Prix : 54.99 €

Alors que le monde du football connaît un début de saison difficile — pour ne pas dire triste — en lien avec l’épidémie de Covid-19, entre stades vides, calendrier hyper serré et blessures à répétition des joueurs, voilà que nous arrive, comme chaque année, la nouvelle mouture de Football Manager, sobrement intitulée Football Manager 2021. Au menu de cette édition, un ravalement de façade des causeries et conférences de presse, constamment décriées — car réputées ennuyeuses — depuis leur introduction il y a près de onze ans. Un chantier indispensable, mais qui ne s’achèvera sûrement pas en un jour.

Ceux qui s’intéressent de près à la licence de Sports Interactive le savent : Football Manager ne révolutionne jamais sa formule d’un épisode à un autre. Au contraire, les développeurs aux ordres de Miles Jacobson préfèrent se reposer sur des bases saines, et peaufiner ce qui doit l’être pour que leur joujou soit le plus réaliste possible. Ainsi, si l’on retrouve le même moteur 3D un tantinet archaïque, celui-ci se pare de nouvelles animations pour rendre les matchs plus vivants et agréables à suivre : les situations de buts se montrent davantage variées — la précédente itération abusait des buts de la tête —, les dribbles apparaissent moins rigides et les plongeons des gardiens s’avèrent moins ubuesques qu’habituellement. Pour l’heure, mes seuls reproches vont aux joueurs extrêmement passifs à la perte de balle, et aux défenses qui galèrent toujours autant quand l’adversaire envoie de grandes sacoches dans leur dos. Nul doute que Sports Interactive réglera de nombreux défauts au gré de mises à jour réalisées tout au long de l’année. Comme le dit l’adage : « Un bon FM est un FM terminé au mois de mars !»

C’est peut-être d’un point de vue ergonomique que ce Football Manager 2021 apporte les changements les plus incisifs. Dorénavant, lors du jour de match, toutes les informations utiles à l’entraîneur — moral et usure des joueurs ; ainsi que moult statistiques (dont le sacro-saint expected goals, censé traduire plus justement le déroulement d’un match) — sont rassemblées au sein d’un seul et même écran. Une bonne chose pour ceux qui, comme moi, se perdaient dans de nombreux menus seulement pour avoir accès à une donnée particulière. En dehors des matchs, les briefings qui précèdent les rencontres se montrent mieux foutus : il est maintenant possible d’effectuer un changement tactique qui ne s’appliquera que pour la rencontre en question ; les éventuels conseils de l’entraîneur adjoint semblent enfin pertinents ; et l’état d’esprit de nos troupes apparaît plus clair.

Finalement, c’est lorsqu’il tente de remanier les conférences de presse, soit son principal cheval de bataille, que ce Football Manager 2021 risque le carton rouge. Si effectivement on voit apparaître des postures non verbales — comme croiser les bras avec réticence ou pointer du doigt avec assurance — quand on répond aux questions des journalistes, on se rend rapidement compte que ces gimmicks ne font que remplacer les « tons de voix » déjà présents auparavant. Ajoutons à cela que les interventions des reporters se répètent inlassablement, et l’on se retrouve avec des points presse aussi inintéressants que dans les opus précédents. Le constat est peu ou prou le même lors des causeries d’équipe. Bien que l’addition de certaines fonctionnalités — balancer une bouteille d’eau dans le vestiaire pour montrer son mécontentement est certainement la plus marquante — s’avère dans un premier temps distrayante, on finit par apprendre par cœur les attitudes qui motivent à coup sûr nos ouailles, avec un comportement aussi pavlovien que peu immersif. En définitive, les développeurs se sont contentés de modifier la forme d’une mécanique de jeu qui ne fonctionnait pas, au lieu d’en questionner le fond.

Dommage car, par ailleurs, les développeurs ont su faire preuve d’une certaine innovation pour aborder la crise du coronavirus. Comme dans la réalité, les stades apparaissent vidés de leurs spectateurs, et les clubs doivent faire face à une crise économique sans précédent. Bien évidemment, Sports Interactive n’a pas poussé plus loin la simulation, et la situation rentre dans l’ordre au bout de quelques mois. Un apport qui s’avère donc anecdotique.

Anecdotique, voilà un mot qui résume bien ce Football Manager 2021. Si le titre de Sports Interactive garde intactes toutes les qualités qui font de lui un fantastique instigateur d’émotions, en plus de peaufiner toujours un peu plus son ergonomie et son moteur 3D, on pourra en revanche lui reprocher de ne rien apporter de conséquent à la saga, la faute à des conférences de presse et causeries d’équipe toujours aussi ennuyeuses. Pour rendre ces dernières plus attrayantes, les développeurs n’ont pas su proposer autre chose que des changements en trompe l’œil. Un Statu quo donc, mais vendu au prix fort. Ouille.

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Gattu

Joueur biberonné à quelques vieilleries telles que Secret Of Mana, Half Life ou Day of the Tentacle ; aujourd'hui reconverti sur les jeux narratifs, principalement par manque de temps et... de temps.

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