Stick it to the Stickman : Promotion Baston
Lutter contre la hiérarchie et gravir les échelons pour atteindre le sommet et imposer alors sa propre hiérarchie, tel est le leitmotiv de Stick it to the Stickman, le jeu de baston en 2D aux relents de rogue lite de Free Lives, le studio de développement sud africain à qui l’on doit notamment Gorn et Anger Foot, ou encore Broforce et Terra Nil. Édité comme d’habitude par Devolver Digital, ce titre à base de bonhommes bâtons, annoncé en 2022, aura su se faire attendre à grand renfort de reports. Et ce n’est d’ailleurs qu’en accès anticipé qu’il devient disponible à compter du 18 août 2025. Alors, si péter violemment la gueule à vos supérieurs est une idée qui fait battre votre petit cœur d’employé soumis aux diktats du capitalisme, vous devriez y jeter un coup d’œil. Mais attention, à trop en faire, vous risquez de vouloir à votre tour diriger les cordons de la bourse, sans aucune pitié ni considération pour les sous-fifres qui ne vous doivent que docilité, respect et dévouement sans limites afin de faire fructifier vos revenus.
Au Boulot, feignasse
C’est tout en bas de l’échelle, c’est-à-dire dans la rue, avec les loosers de la société, que votre aventure débute. Mais cela ne va pas durer, la direction des finances embauche et vous allez postuler. Afin de décrocher cet emploi, tous les coups sont permis. Hors de question, par conséquent, d’attendre derrière les autres ratés, vous allez littéralement leur marcher dessus et, si besoin, les exploser pour être le premier. Une fois face au boss, celui-ci vous demande de vous débarrasser de celui qui vous a coopté (le mien s’appelle Xavier), afin de prendre sa place. Le ton est donné, chacun pour soi et tous au travail, aucune faiblesse n’est tolérée et oubliez toute empathie. Le principe est simple, après avoir choisi votre style d’employé (vous n’aurez que celui de stagiaire de disponible au départ), vous allez devoir éclater (pardon, virer) tous les collègues qui se trouvent entre vous et le boss jusqu’à, d’étage en étage, atteindre ce dernier en haut de la tour et lui botter les fesses à son tour. Les actionnaires s’intéresseront alors à vous et vous propulseront sur le siège que vous venez de libérer afin de faire croître toujours plus l’entreprise.
Désormais en rouge, et non plus en bleu, vous passez, équipé de votre haut de forme, dans le camp adverse. À vous, dorénavant, de choisir la nouvelle recrue qui devra gravir les échelons, tout de bleu vêtue, dans le but de vous déloger, et ainsi de suite. Régulièrement, vous recroiserez votre « ami » (mon Xavier à moi), mais la tendresse ne sera jamais plus ce qui caractérisera votre relation. Attention, le jeu ne se limite pas à cela, à chaque nouvelle étape, les actionnaires vous confient une nouvelle mission, que vous pouvez refuser, mais que vous devrez finir par accepter. Dès lors, d’autres options de gameplayOu « jouabilité » en français, fait référence à la façon dont le joueur interagit avec un jeu vidéo. apparaissent petit à petit, y compris dans la ville que vous allez gentrifier, tout en implantant toujours plus de bâtiments, que ce soit par la force, les pots-de-vin ou toute autre méthode, seul le résultat comptant, peu importe le processus suivi. Le centre de distribution permet, par exemple, de livrer des colis dans un jeu à défilement horizontal ou le temps presse. Le dojo, lui, permet d’affronter divers adversaires en commençant par le représentant syndical (il faut régulièrement se débarrasser de ces foutus syndicalistes qui empêchent de capitaliser tranquille), mais aussi des autres grosses firmes américaines (Starbuck, Marlboro, General Electric, Pfizer…), chacun ayant son style de combat et ses propres aptitudes.
Vous prendrez bien un p’tit café ?
Stick it to the Stickman présente donc différentes facettes. La Tour des Finances reste au cœur du gameplay, avec une conception procédurale modifiant chaque nouvelle tentative, mais bien d’autres axes sont proposés, toujours avec beaucoup d’humour, que ce soit dans les propos tenus, les situations auxquelles on se retrouve confronté, les compétences proposées ou encore les styles d’employés. Ces derniers ne servent qu’à définir les compétences de départ (certains ne sont donc accessibles qu’une fois celles-ci débloquées), mais toutes sont ensuite disponibles pour tous lors des évolutions qui permettent d’en choisir une parmi trois, avec possibilité de relancer cette offre aléatoire. Elles s’exécutent ensuite en boucle dans l’ordre d’arrivée. Certaines sont utilisables sans limites, alors que d’autres consomment des munitions et ne sont donc plus actives une fois celles-ci épuisées. Il est cependant possible d’en récupérer dans les caisses ou sur les adversaires. Les collègues « virés » peuvent en effet en laisser tomber, tout comme des soins, de l’argent ou encore des gains d’xp qui, une fois suffisants, permettent d’upper la compétence de son choix selon trois niveaux. Des améliorations telles que plus de points de vie, plus de dégâts… sont aussi régulièrement proposées sous forme de promotions, ainsi que diverses options selon trois propositions : gants de boxe, ceinture de munition, etc., ou encore, une fois la salle d’entraînement accessible, une compétence spéciale avec temps de recharge (tirelires à casser pour gagner de l’argent, bandages pour se soigner, ralentissement du temps, capacité épique…).


Grâce à tout cela, dans ce jeu d’action 2D à défilement latéral, vous allez pouvoir déchiqueter les nombreux collègues qui ne se priveront pas de vouloir mettre fin à vos ambitions. Il y en a des petits, des gros, des super balèzes, parfois avec des protections ou des armes (pistolet, uzi, hache…). Vous pouvez user de vos poings, de vos pieds, ou d’autres artifices comme des véhicules et diverses armes : lancer de dossier ou de mug, pistolet à colle, couteau, hache, shurikens, tronçonneuse, glissade grassouillette laissant sa trace de graisse derrière elle, pet nauséabond et j’en passe beaucoup, sans parler des électrocutions et autres éjections par la fenêtre, ou encore, pour finir, l’usage de grands discours assommants pour endormir son auditoire. Mais évitez de rompre le combo pour maximiser les dégâts. Un autre aspect du jeu est celui de l’amélioration des locaux grâce aux coupes obtenues en finissant les niveaux, les trombones à récupérer un peu partout, les gouttes d’eau, et les dollars offerts en récompense, comme dénichés sur le terrain, y compris en fracturant des coffres, quitte à devoir affronter ensuite le service de sécurité. Une des premières améliorations à apporter est la fontaine à eau qui permet de restaurer quelques points de vie quand vous en croisez. Vous aurez ensuite la machine à café (c’est très important le café dans une entreprise) qui vous booste en plus de vous régénérer, ou encore les WC (voire les bouteilles) afin de faire pipi et glaner ainsi quelques points de santé supplémentaires. Une compétence à munitions permet aussi de boire des cafés pour aller mieux. Le café, c’est primordial dans l’univers impitoyable de l’entreprise ! En cas d’échec, vous devrez recommencer tout en bas de la tour et n’empocherez que la moitié de vos gains.
Quelles sont vos prétentions ?
Parvenir en haut de la tour et vaincre le boss avec chacun des styles d’employés (karateka, bricoleur, surexcité, victime professionnelle, malabar, et même feignasse qu’il est difficile de sélectionner puisqu’elle se débine tout le temps pour échapper au boulot) est un objectif louable représenté par un petit chapeau de boss sur l’étiquette de ceux qui y sont parvenus. Il y a 15 styles à essayer, sans compter l’équipe de nuit qui, une fois en place, en propose six de plus, dont un vampire, et donc de nouvelles compétences à la clé (heures supplémentaires, bâton luminescent…), ainsi que de nouveaux collègues somnolents ou à la limite du rationnel. Entre toutes ces façons de jouer et les bâtiments à upgrader, il y a déjà de quoi faire. Si l’on rajoute encore les petits scénarios en ville, y compris en voitures que l’on peut voler, façon GTA, ainsi que les missions proposées dans les nouveaux bâtiments, cela ne manque ni de matière, ni de nouvelles idées continuellement apportées. Difficile de tout citer, tant il y en a. Et le titre ne manque pas non plus de charme avec son côté clairement décalé et satirique. La danse des actionnaires est fort sympathique, tout comme pipouce qui, bien qu’insupportable, commente vos actions et vous guide sans pitié vers le sommet.



Il y a trois niveaux de prétentions salariales possibles, mais pas tout de suite acceptés, et ce n’est pas forcément toujours facile de parvenir tout en haut de la tour, à l’image des défis des autres bâtiments, comme le dojo qui nécessite de bien choisir ses capacités aux coûts variables. Le problème dans ce dernier cas, est que vos fonds (des points de hype) sont limités et qu’il ne faut surtout pas être à court, car les combats exécutent les compétences de manière automatique. Une case vide débouche donc sur de l’inaction. Dans toutes ses dimensions, le jeu repose sur son moteur physique pour animer ses bonhommes bâtons dans un univers cartoon très coloré. Les coups sont distribués avec une violence permanente et les adversaires volent avec de belles animations ragdoll. Vos collègues n’hésitent pas non plus à s’accrocher et à vous retenir ou vous tirer. Ils peuvent également se blesser entre eux, mais sont un peu stupides, n’hésitant à avancer droit dans votre direction, y compris lorsqu’une machine broyeuse se trouve entre vous, courant ainsi vers une mort certaine. Techniquement, même si quelques éléments textuels (disponibles en français, tout comme les sous-titres des voix anglaises) font défaut, ou que certains niveaux peuvent se valider sans être terminés, le jeu fonctionne très bien pour une version encore inachevée. Attention tout de même à ne pas vous coincer, et méfiez-vous de la fermeture des portes automatiques qui peuvent vous bloquer ou vous décapiter. Quant à la musique, elle est parfois entraînante, mais est en général assez répétitive, tout en sachant rester discrète. Enfin, nous terminerons en précisant qu’il est possible de jouer en coopération à deux joueurs, une idée encore une fois fort sympathique.





