The House of Da Vinci VR : Oui, maître, tout de suite, maître
Depuis Bratislava, en Slovaquie, le petit studio indépendant Blue Brain Games a su se faire un nom dans le petit monde des puzzle games. L’aventure a démarré en 2015 sur Mac avec Mysteries of the past : Shadow of the Daemon, porté l’année suivante sur PC, puis s’est poursuivie, grâce à un financement participatif sur Kickstarter, avec la trilogie The House of Da Vinci dès 2017 sur PC et Mac, avant de débarquer aussi sur Playstation et Xbox début 2024. Le succès a clairement été au rendez-vous et le portage s’est poursuivi en réalité virtuelle sur PCVR et Quest fin 2024, puis sur PSVR2 début 2025. Et cette adaptation a su se faire remarquer lors de la Gamescom 2024 grâce à son ambiance de Renaissance italienne et sa direction artistique réussies.
Apprenti génie
C’est dans la peau de Giacomo, l’apprenti le plus prometteur de Leonard de Vinci, que vous vous rendrez à Florence, en 1506, pour retrouver votre maître qui a mystérieusement disparu. Mais celui-ci a laissé des lettres et des indices derrière lui pour que vous puissiez le retrouver. À vous, donc, de tirer les ficelles qu’il a volontairement emmêlées pour qu’il ne puisse pas être suivi. Mais vous devriez pouvoir relever le défi, il croit en vous et compte sur votre perspicacité. En effet, le génial visionnaire florentin, alors qu’il œuvrait aux côtés de Borgia, a mis au point une invention révolutionnaire, et cela a lancé à ses trousses de dangereux individus entre les mains de qui il ne souhaite pas que sa création finisse.
Dès lors, vous devez vous rendre chez lui pour retrouver sa trace. Suite à l’explosion de la Badia Fiorentina, l’église de l’Assomption de Marie, d’où une aile volante s’enfuit et au pied de laquelle réside Leonardo, vous allez devoir vous rendre dans la bibliothèque de la demeure pour accéder à l’atelier caché de votre maître. Sa piste vous mènera ensuite dans le jardin, la crypte et l’armurerie, avant d’atteindre enfin la destination finale qui permettra de lever le voile sur le mystère.
Les gants visionnaires
Pour parvenir à vos fins, vous aurez besoin de deux gants inventés par De Vinci et laissés dissimulés à votre encontre : l’un permet d’avoir une vision accrue afin de pouvoir voir et manipuler les mécanismes cachés, et l’autre d’avoir une vision du passé, généralement du maître en personne, afin d’obtenir des mots de passe ou de découvrir quel mécanisme activer et/ou comment. Leur utilisation est limitée dans le temps, mais ils peuvent être utilisés autant que vous le voulez. Comparable à la version 2017 pour écran plat, le titre a toutefois été revu et corrigé « de A à Z » pour coller à la réalité virtuelle. Et il faut bien reconnaître que c’est effectivement un véritable jeu VR et non pas une de ces déclinaisons en VR d’un jeu qui n’exploite pas ou très peu ce support. On peut, et il faut, toucher les étranges inventions et autres mécanismes afin d’interagir avec eux et résoudre les énigmes. C’est à la fois très intuitif et immersif.
Il s’est avéré parfois impossible de stopper la vision accrue (il fallait donc attendre la fin du temps imparti), mais le jeu fonctionne à merveille et de manière très confortable, surtout depuis l’ajout d’une rotation fluide de la caméra. Même si nous n’avons pas pu le tester, puisque nous avons joué sur PCVR en air link avec un Quest 3, on pourrait aussi citer l’exploitation du retour haptique sur PSVR2, mais point de suivi oculaire par contre. On regrette aussi le déplacement par téléportation d’un puzzle à l’autre. Un mouvement libre aurait été encore plus immersif et aurait pu compliquer les choses en ne montrant pas forcément là où aller pour agir. Ceci dit, les puzzles sont de qualité et nécessitent déjà bien de faire marcher sa matière grise. Inspirés des véritables inventions et autres idées de Léonard de Vinci, ils reposent sur des mécanismes avec des objets cachés à découvrir ou obtenir en récompense afin de pouvoir résoudre d’autres casse-tête.
L’heure de la Renaissance
Comme il y a plusieurs puzzles dans la même pièce, encore faut-il trouver dans quel ordre opérer, des allers-retours étant souvent nécessaires. Mais pas de panique, si vous ne savez pas où aller, vous pouvez le demander et on vous montrera où se situe la suite. À vous toutefois de trouver ce qu’il faut y faire. On peut stocker jusqu’à cinq objets, qu’il faut quelques fois modifier en les manipulant, ou combiner entre eux, pour obtenir la forme utile. Il y a de nombreux puzzles à résoudre, liés entre eux, variés et logiques. C’est vraiment très prenant, mais pour en venir à bout encore faut-il bien observer tout ce qu’il y a autour de nous, et notamment dans les deux visions, car, généralement, lorsque l’on bloque, c’est qu’il faut utiliser les gants pour pouvoir progresser. Et une fois toutes les énigmes d’un lieu résolues, on accède au chapitre suivant, façon escape game.
Il y a sept chapitres en tout, dans sept lieux différents avec, à chaque fois, de superbes graphismes très détaillés et réalisés à partir des œuvres de l’artiste, comme de la ville de Florence au XVIème siècle. Tout en suivant un fil narratif sans paroles, le soft offre une magnifique atmosphère réaliste dans l’Italie de la Renaissance. Chaque fin de chapitre indique le temps mis pour en venir à bout, l’objectif étant d’être le plus rapide possible. En lisant toutes les notes (entièrement traduites en français), en tâtonnant pour trouver les solutions, sans trop recourir à l’aide et en commettant des erreurs d’appréciations, cela m’aura pris 5h22 pour terminer le jeu, soit moins de sept heures qui est un des succès à décrocher. Mais pour atteindre les 100%, il faudra mettre moins de quatre heures, et même moins de deux heures. Dès lors que l’on a déjà résolu les énigmes une première fois, cela est bien entendu bien plus rapide. Lors du deuxième runUne partie intégrale ou une tentative de terminer un jeu vidéo, sans perdre de temps et sans relire toutes les notes, il m’aura quand même fallu 1h50, il ne faut donc pas non plus trop traîner, ni hésiter.
Amateurs de Myst ou de The Room dans leurs déclinaisons VR, vous ne pourrez qu’être séduits par The House of Da Vinci VR. On aurait certes apprécié un mouvement libre, mais le titre s’avère être un vrai jeu immersif pensé pour la réalité virtuelle. Avec ses graphismes séduisants et détaillés, son atmosphère réussie dans l’Italie de la Renaissance et ses puzzles bien pensés et variés, c’est une véritable réussite et sans doute l’une des meilleures propositions existantes dans le domaine des puzzle games en réalité virtuelle. Il n’y a plus qu’à espérer maintenant voir arriver aussi les deux autres opus de la trilogie en VR. De même, espérons que The House of Tesla, le prochain titre de Blue Brain Games attendu pour 2025, toujours autour de figures célèbres et mystérieuses, ait aussi droit à sa déclinaison VR. Croisons les doigts.














