Rise of the Triad
Sorti un 21 décembre 1994 en shareware, comme seul Apogée savait le faire à l’époque, le premier Rise of the Triad était un Wolfenstein 3D foldingue au multijoueur très pratiqué. Aujourd’hui, en 2013, un remake en reprend toute la substantifique moelle. Pour le pire, vraiment…
Dans un moteur 3D assez proche de l’énervement perpétuel face à des textures criardes, des morceaux de niveaux coupés sans qu’on ne sache trop pourquoi et des objets posés n’importe où, n’importe comment, Rise of the Triad est un jeu qui reprend à 100% tout le gameplayOu « jouabilité » en français, fait référence à la façon dont le joueur interagit avec un jeu vidéo. du titre original. C’est-à-dire que c’est un FPS à la vision très réduite (augmentez le FOV dans les options, c’est la moindre des choses) , ou l’arme prend la moitié de l’écran. Q uand vous tirez sur les ennemis, ils ne bronchent pas, comme à l’ancienne, encaissant les balles jusqu’à s’effondrer une fois le « jauge de vie virtuelle » vidée. Et bien sûr, ils explosent, même face à un pistolet, parce que c’est plus rigolo sans doute. Rise of the Triad se veut « rigolo » à tous les niveaux et c’est finalement les bugs qui feront la joie des amateurs de barres de rires en pleine partie. Des personnages désarticulés, bloqués dans des plateformes en hauteur, ayant des spasmes une fois morts avec des morceaux d’eux même un peu partout… D’autres bugs vous feront beaucoup moins rire, quand vous avancerez vers un mur et que par magie vous vous retrouverez en dehors de la carte et qu’on vous dira « Game Over », ou que vous vous bloquerez au milieu de deux pierres mal posées par les Level Designers. Surtout que vous serez obligé de charger le dernier checkpoint ! Car oui, Rise of the Triad a enlevé les sauvegardes libres et se base uniquement sur des checkpoints. Une solution de facilité pour gonfler la durée de vie d’un jeu déjà assez difficile comme ça, ou (comme avant, encore) on a bien du mal à éviter les balles adverses et qu’on joue les perpétuels défis de munitions avec les ennemis. Heureusement, ils sont très bêtes (certains ne bougeront même pas et sembleront inanimés à certains moments du jeu) ce qui sauve un peu la possibilité de passer quelques niveaux en mode Normal. Le jeu se destine clairement, en terme de skill, aux artistes du Straff.
Tout est très rapide. Vos déplacements font du 150 k/m heure, les balles ennemies décollent de leurs armes une vitesse fulgurante, tout est accéléré de façon disproportionnée pour proposer un foutoir absolument pas logique. Pas de problème, on retrouve l’entièreté de l’expérience des vieux titres d’Apogée, mais le nouveau moteu r (gourmand en plus, pour le peu de belles choses qu’il affiche) est vraiment au raz des paquerettes en terme de finition et d’intérêt visuel. Les décors sont vides, le level-design est immonde et tout cela se déroule sur des airs bourrins très quelconques. Reprenant l’histoire et la mise en scène du jeu original (remplaçant les quelques écrans de cinématiques par de la bande dessinée) , Rise of the Triad a néanmoins de nouveaux niveaux très inspirés, mais pas souvent identiques. Tant mieux me direz-vous, même si on y perd au change. Certaines bonnes choses sont cependant au rendez-vous : chaque niveau à beaucoup de secrets à découvrir et un pourcentage de complétion du niveau est affiché à l’écran pour vous aider. Néanmoins, sachez que beaucoup de secrets se résoudront en longeant les murs et en activant sur la touche d’action en attendant qu’un interrupteur invisible s’active : super énervant, surtout quand comme précisé plus hauts, certains murs sont buggés et vous bloquent/sortent de la carte. C’est un mauvais jeu, il n’y a aucune excuse à cela. Certains joueurs en seront fan tant il est débile et va au vif du sujet, c’est à dire l’explosion de cadavres à la pelle, mais ça n’empêche pas le jeu d’être une immondice incroyable qu’on croirait crée en six mois tout justes. D’ailleurs, c’est surement le cas. Car je ne vous ai pas parlé des animations ridicules, des Prouts et des Rots toutes les cinq secondes sans aucune raison, des armes à roquettes qui vous font plus de mal à vous qu’à eux (surtout au début, quand vous n’avez pas encore bien le jeu en main) , des coups disloqués des ennemis qui feront rire n’importe quel étudiant en création de modèles 3D et du visuel ambiant, dégueulasse, qu’on pourrait comparer à un film de Zack Snyder en plus sombre et moins travaillé. C’est dire !
Le seul espoir que j’ai envers ce jeu d’une autre dimension, de celle où trônent des titres comme Revelations 2012, c’est envers son mode multijoueur. On y a joué en petit comité (les serveurs n’étaient pas encore pleinement ouverts) et il faut avouer que c’est amusant. Plusieurs modes de jeu, des parties forcément extrêmement dynamiques et bourrines et surtout, des Mods à venir (encore indisponibles pour l’instant) qui promettent beaucoup en terme de création de la part des joueurs via le Steam Workshop. Ce serait même très drôle si les joueurs parvenaient à faire quelque chose de bien avec ce moteur proposé par des développeurs qui en ont fait une grosse bouse que je ne conseille à personne, si ce n’est à ceux qui aimeraient avoir un filtre HD sur un vieux jeu Apogee. Reste à parler des quelques idées : les personnages qui roulent de façon ridicule vers vous pour vous piquer vos armes, les pièges « à la Indiana Jones », le Rocket Jump qu’il va falloir apprendre à maitriser pour trouver tous les secrets… M’enfin, tout cela passe au dessus de la tête du joueur dépité par ce spectacle déplorable. Sans parler des nombreux filtres : sans les textures, avec les vieilles textures, en mode rétro sonore, en mode file de fer, etc. Cela ne sert à rien, surtout pas à rendre le jeu intéressant. Comment en est-on arrivé là ? Qui s’est dit que faire un jeu aussi stupide et mal conçu pouvait être une bonne idée ? Après, si le jeu trône les premières places des ventes dans la semaine à venir j’aurais l’air bien stupide avec ce test. Mais j’ai foi en l’humanité, ce jeu ne peut pas être défendu. N’est-ce pas ? Et en même temps, j’y joue encore, parce qu’il est tellement nul que je veux voir toute l’étendue des dégâts… C’est peut-être ça, sa seule force.








