Caligo : Promenade subconsciente

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Caligo : Promenade subconsciente

Simulateur de marche atmosphérique, Caligo est un petit jeu indépendant du studio russe Krealit sorti en 2017 sur Steam et qui, huit ans plus tard, arrive sur consoles via Sometimes You (Evgeniy Kolpakov). Il s’agit d’une brève aventure interactive (1h30 max) avec des composantes de puzzle game. Essentiellement axé sur l’observation, le jeu nous place le plus souvent dans la position du spectateur et ne conviendra donc certainement pas à tout le monde. Et si vous cherchez un jeu d’horreur, passez également votre chemin. Même si quelques éléments un peu gores et autres monstruosités peuvent s’en rapprocher, nous ne sommes pas dans ce créneau-là. Mais si vous êtes amateur d’expériences sombres, contemplatives et hors norme, il vaut clairement le détour.

À travers sept chapitres, Caligo, que l’on doit à Dmitriy Dryzhak, s’avère être, en effet, une aventure fort sympathique avec des graphismes de qualité qui jouent beaucoup sur les éclairages et les reflets. L’ambiance est là, dans un univers aussi étrange qu’envoûtant, avec une bande son atmosphérique époustouflante signée Pavel Perepelista qui contribue beaucoup à l’immersion. Et chaque scène dispose de son propre univers visuel et sonore. On accordera d’ailleurs une mention spéciale à celle sur la guerre, particulièrement réussie. C’est un peu comme une œuvre d’art onirique et poétique dans laquelle on avance, de tableau en tableau, accompagné par la voix du protagoniste et de son hôte, uniquement disponibles en russe et en anglais, avec de bons doublages. Des sous-titres sont également proposés, en anglais, russe, chinois, coréen et japonais, mais pas en français, ce qui peut poser soucis si aucune des langues précitées ne vous est familière.

L’histoire qui nous est contée, aussi abstraite et prétexte soit-elle, se révèle assez intéressante, avec deux fins possibles. Après s’être réveillé dans un lieu inconnu faisant penser aux enfers, sans savoir si l’on est mort ou encore en vie, on suit un étrange hôte qui disparaît aussi vite qu’il apparaît. Ceci nous amène jusqu’à un phare que l’on nous demande de gravir jusqu’à son sommet, où le maître nous attend, afin de comprendre ce que l’on fait là, avec un seul conseil : prendre son temps, car ce dernier n’est rien ici. Et à chaque étape, on aura cette sensation bien connue de déjà vu ou de déjà fait. Le scénario tourne autour de deux êtres qui n’en font qu’un : l’un vit des vies dont l’autre s’alimente pour forger des mondes. C’est plus qu’étrange, mais c’est aussi ce qui fait le sel du titre. Cela permet en tout cas d’aborder différentes thématiques, en lien avec la société ou le sens de la vie, avec efficacité.

Notons pour terminer que l’évolution est volontairement lente, afin de faire la part belle à la contemplation, sans aucune possibilité de courir, de sauter ou encore de se battre. On se contente d’avancer en n’utilisant que le joystick directionnel et un bouton. Le seul aspect ressemblant à du gameplayOu « jouabilité » en français, fait référence à la façon dont le joueur interagit avec un jeu vidéo. réside dans les images dessinées à collectionner et donc à trouver. Pour cela, il faut bien observer son environnement et explorer chaque recoin afin de ne rien rater, quitte à s’écarter du fil rouge clairement tracé que l’on a à suivre pour atteindre le dénouement final.

L’expérience légèrement interactive et particulièrement contemplative proposée par Caligo est une franche réussite. On est, certes, plus spectateur qu’acteur, mais les divers environnements, aussi étranges qu’envoûtants, que l’on traverse, donnent au titre une ambiance particulière et réussie, avec une très belle bande son atmosphérique ad hoc. Alors, bien sûr, l’absence de français peut être un frein, tout comme certains lui reprocheront de ne pas être vraiment un jeu, ou d’avoir une durée de vie bien trop courte, mais si la proposition ne vous rebute pas, nous vous encourageons à vivre cette fresque si particulière, vous ne devriez pas le regretter.