À la vie, à la mort
Critique
Mudrunner VR
Développeur
Saber Interactive
Éditeur
Saber Interactive
Date de Sortie
30 mai 2024
Prix de lancement
19,99 €
Testé sur
Quest (2, 3 et Pro)
Après le succès mérité rencontré par MudRunner en 2017, grâce à son exceptionnel moteur physique et son côté expérimental qui en faisait un jeu de niche, Saber Interactive a cherché à élargir son public avec SnowRunner tout d’abord, puis Expeditions : A MudRunner Game ensuite. Finalement, le studio américain a décidé de revenir aux sources avec MudRunner VR, un spin off du titre original qui se veut encore plus immersif, grâce à la réalité virtuelle. Et le pari, qui a germé en 2021, était risqué, car non seulement Saber Interactive se détache de Focus Entertainment pour publier, cette fois-ci, lui-même son titre, mais c’est aussi sa première expérience dans le domaine de la VR. Alors voyons tout de suite ce que donne cette version du célèbre simulateur de gros engins tout-terrain.
Toujours de boue
Bien que son titre puisse le faire craindre, MudRunner VR n’est pas un simple portage de MudRunner en réalité virtuelle. Tout en reprenant le principe avec les conditions extrêmes de conduite propres à la série (boue, rivières, sol rocailleux, pentes escarpées…), il propose en effet une toute nouvelle aventure spécialement conçue pour les casques Meta Quest. Après qu’une forte tempête a ravagé la région, votre oncle vous contacte pour venir lui donner un coup de main, afin de venir en aide aux nombreux véhicules qui se sont retrouvés bloqués et qu’il faut remorquer au milieu de ce terrain désormais difficilement praticable. Comme les affaires ne tournent pas non plus au taquet dans votre garage, c’est une bonne occasion pour vous de renflouer les caisses et vous vous empressez donc d’accepter. Vous partez donc pour commencer avec votre vieille voiture, dont il faut au préalable changer la roue et faire le plein. Il ne vous reste alors plus qu’à rapporter le cric et la boîte à outils que vous aviez empruntés avant de prendre la route pour de bon. C’est là l’occasion d’apprendre le BA-BA de la conduite et des commandes à votre disposition dans le jeu.
Une fois rendu en pleine cambrousse, au milieu des routes défoncées par la tempête, il vous faudra rapidement passer à d’autres engins, plus puissants. Le titre en compte 8 au lancement, ce qui, a priori, paraît un peu léger à côté des 19 du titre original, mais ils ont le mérite d’offrir une belle variété (petits 4×4 agiles, camions citernes, semi-remorque…). À travers les 11 missions du scénario, vous aurez aussi l’occasion de remplir de multiples missions, comme remorquer des véhicules accidentés, bien sûr, mais aussi rallier des tours de contrôle pour relever les données recueillies et ainsi mieux prévoir la prochaine tempête par exemple. Les objectifs sont de plus en plus longs et complexes à accomplir. Il y a des passages très étroits à franchir, y compris au bord du précipice, des pentes raides à gravir avec de nombreux virages parfois bien serrés qui compliquent sérieusement la tâche, des rivières à franchir… Les défis à relever sont bel et bien présents et, mis à part un tracé davantage guidé, on retrouve avec beaucoup de plaisir l’esprit original de MudRunner, avec des cartes de tailles modestes où chaque mètre gagné est une victoire qui se mérite.
De boue en boue
Au-delà du mode Histoire, le titre propose également un mode Libre où l’on peut explorer les différentes cartes à notre guise, ce qui est plutôt bienvenu pour s’amuser sans contrainte et se lancer ses propres défis. Mais la grande nouveauté de MudRunner VR est qu’au-delà de la conduite de véhicules, on peut aussi se déplacer à pied. Oui, à pied ! Là où dans Expeditions, entre autres, on se demandait parfois pourquoi galérer autant pour franchir les quelques mètres qu’il nous manquait et qu’il aurait été si simple de faire à pied, MudRunner VR nous en donne la possibilité. Alors, bien entendu, pour valider la mission, il faut tout de même amener le véhicule jusqu’à un point précis, mais on peut en descendre quand bon nous semble, que ce soit pour inspecter notre engin, changer une roue, faire le plein, ouvrir une barrière, attacher le treuil, ou même simplement explorer un peu les lieux pour faire un peu de repérage (ce qu’Expeditions proposait toutefois avec un drone). On apprécie cette initiative, même si on préférerait un déplacement libre plutôt que par téléportation, pour encore plus d’immersion.
Les interactions avec les différents objets de l’environnement sont toutefois automatisées et limitées à ce qui est prévu (roue à changer, bidon d’essence pour remplir le réservoir, treuil à attacher…), oubliez toute facétie. C’est assez limité à l’extérieur, mais plutôt complet à l’intérieur du cockpit par contre. Il y a déjà les clés à attraper pour les insérer dans le neiman avant de les tourner pour lancer le moteur, le frein à main à ne pas oublier de desserrer avant d’avancer, mais aussi rétroviseurs, essuie-glaces, phares, klaxon, blocage différentiel, traction intégrale, et bien entendu le levier de vitesse que l’on peut utiliser en boîte manuelle (la boîte automatique est cependant possible). Mais passer du volant au levier de vitesse nécessite tout de même un petit coup de main dans la gestion des gâchettes qui n’est pas toujours évident. Faute de jambes, on occultera l’embrayage et l’accélération se fera au stick. Quant à la conduite en elle-même, on peut contrôler le véhicule avec l’autre stick ou préférer une version plus réaliste en tenant directement le volant. Cela fonctionne plutôt bien, mais il est préférable de repositionner régulièrement ses mains sur le volant pour éviter de se retrouver dans des positions incongrues.
Le boue de la route
La conduite en réalité virtuelle est ainsi vraiment immersive. En marche arrière, par exemple, on se retourne pour regarder par le pare-brise arrière, et on n’oublie pas d’utiliser les rétroviseurs, en évitant de couper les virages avec de longs engins ou en tractant un autre véhicule, pour éviter de tout arracher sur son passage et/ou de se retrouver coincé. C’est réellement comme dans la vraie conduite. On a parfois envie de passer en vue à la troisième personne, pour se faciliter la vie, mais non, ce n’est bien entendu pas possible ici. Il faut dire que c’est aussi la vue que j’avais finie par adopter dans MudRunner pour plus de réalisme, donc ce n’est pas plus mal. Précisons d’ailleurs ici que le titre se joue tout naturellement assis, avec 3 réglages : confort, équilibré ou réaliste. Cela modifie divers éléments comme la vitesse de rotation, l’ampleur des réactions du camion, le lissage ou non des changements de niveaux… Il faut dire que, pour le coup, le mal des transports porte bien son nom. En mode réaliste, votre estomac peut vite être mis à l’épreuve. Ça secoue quand même beaucoup, et les longues sessions font vraiment transpirer. Il est donc primordial de proposer aussi des réglages plus reposants, quitte à être moins réaliste dans l’immersion.
Afin de ne pas nuire à cette dite immersion, Saber Interactive a, en revanche, fait en sorte de ne pas avoir à passer par des menus pour les différents contrôles à effectuer. Ainsi, le tableau de bord fournit déjà les informations de base à surveiller comme le niveau du réservoir, mais aussi l’enclenchement ou nom des aides à la traction fortement consommatrices (blocage différentiel et AWD). Ensuite, vous disposez aussi d’une tablette accrochée au tableau de bord et que vous pouvez approcher ou reculer. Elle fournit les informations sur le véhicule, notamment l’état de santé des différents éléments qui peuvent se détériorer (moteur, pneus, réservoir…) et que vous pouvez réparer, mais fait aussi fonction de GPS sur lequel tracer votre trajet, tout en affichant les différents points d’intérêt. Elle permet aussi de rester en contact avec votre oncle par SMS. L’ambiance est de surcroît assurée par les bruitages des moteurs comme de la nature (aboiement des chiens par exemple) et des animations de l’environnement (oiseaux, lucioles…) parmi lesquels certains évènements qui ne viendront pas vous aider (chute de rondins de bois, orage avec éclairs, tombée de la nuit obligeant à allumer les phares…).
Tout ceci est très détaillé et plutôt joli, que ce soit la ville, la boue ou le garage qui sert de hub et où une machine d’arcade est apparue avec la mise à jour du mois d’août. Seule la représentation de l’eau n’est pas très réussie, mais cela n’empêche pas cette dernière de vous ralentir. Attention à ne pas s’enliser. Prendre trop de vitesse est également déconseillé, vous risquez alors de casser quelque chose ou de vous retourner. Il y a bien un outil pour redresser le camion sur le flan et la possibilité de réparer les dégâts, mais quand ceux-ci sont irréversibles, ou que l’on se retrouve à sec, sans aucun autre camion capable de venir nous secourir, il n’y a plus qu’à recommencer la mission en essayant de faire mieux. Nous parlions de la mise à jour d’août qui a apporté aussi d’autres améliorations, en réponse, comme toujours, au retour des joueurs, et nous savons que nous pouvons conter sur Saber Interactive pour poursuivre dans cette voie et améliorer sans cesse son bébé, avec peut-être même du contenu supplémentaire. Par contre, aucun portage des DLC de MudRunner, tel qu’American Wilds, ne sont au programme. En revanche, la porte n’est pas fermée à un portage de MudRunner VR sur PC, PSVR2 ou Pico. Et nous pouvons toujours espérer un SnowRunner VR dans l’avenir, qui sait ?
MudRunner VR est l’occasion pour Saber Interactive de revenir à ce qui a fait le succès du titre original et lancé la série : des missions exigeantes sur de petites cartes. L’esprit est là, et le passage à la réalité virtuelle apporte un plus indéniable à l’immersion, d’autant plus que cela est assez bien fait et plutôt joli, avec des cockpits bien détaillés. Les plus sensibles auront sans doute du mal à tenir sur de longues sessions, même s’il est possible de paramétrer plus de confort, et l’utilisation du volant comme du levier de vitesse n’est pas toujours aisée, mais cela fonctionne globalement bien et on a vraiment la sensation d’y être, ce qui n’est pas rien.