Echoes of the End : Les vestiges d’une époque révolue

Echoes of the End : Les vestiges d’une époque révolue

Projet initié il y a 10 ans par trois jeunes islandais, avant de trouver en Deep Silver un éditeur en 2021 pour se lancer et étoffer un peu l’équipe, Echoes of the End a ensuite disparu des radars avant de réapparaître au Summer Game Fest 2025 pour annoncer sa sortie au mois d’août. Jeu d’action-aventure fantasy narratif ne cachant pas son inspiration God of Warienne, il semble avoir tous les atouts dans sa manche pour réussir, si ce n’est son statut de AA qui rend difficile de se démarquer (n’est pas Clair Obscur qui veut). Et ceci d’autant plus que le studio Myrkur Games de Reykjavik signe là son premier titre et qu’il est donc inconnu du public.     

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Alors que le monde d’Aema a longtemps ignoré les signes pourtant évidents d’une fin inéluctable, il a continué à vivre comme si de rien était et a fini par s’éteindre. L’Empire, qui régnait alors, a ainsi connu une guerre civile qui n’a laissé derrière elle que des ruines. Depuis, Aema ne fait que se dégrader et il ne reste plus que quelques zones sécurisées. Et les nations déclinantes n’ont de cesse de se déchirer pour hériter de l’empire aélique. Les égides et leur magie, qui existaient bien avant l’Empire, protègent Noi Syrouve, caché dans les montagnes, mais les vestigiaux et leur incommensurable pouvoir représentent un risque pour leur pérennité, comme pour tous les habitants. Ils sont donc mis au banc de la société. Raelinn Tsair, dite Ryn, en tant que vestigiale, a ainsi provoqué la mort de sa mère en couche et gravement blessé son frère qui a osé la toucher. Capables de manipuler les forces de la vie et du changement, ils sont de surcroît particulièrement dangereux lorsqu’ils perdent le contrôle.  Son père était un érudit proche de la souveraine, mais il a refusé d’abandonner sa fille et a ainsi perdu son statut, devenant patrouilleur, chargé de surveiller et protéger les égides.

Ryn, elle, a toujours vécu en paria, loin de la ville et de Cor, son demi-frère. Elle accompagnait son père dans ses missions, mais aujourd’hui, il n’est plus, et Cor a décidé de l’épauler en devenant à son tour patrouilleur. Bien vite, ils remarquent qu’il se passe quelque chose d’anormal. Tout d’abord, ils croisent des Durtars, de grosses créatures puissantes, mais lentes et pas très malines. Le problème n’est pas d’avoir à les affronter, mais de savoir ce qu’elles font ici. Ils découvriront un peu plus loin que ce sont les daliens, les ennemis jurés de Noi Syrouve, qui sont derrière tout cela. Si toutes les nations déclinantes qui ont essayé de s’en prendre aux syrouviens ont fini par abandonner, ce n’est pas le cas de Reigendal. Et ils reviennent cette fois avec une arme redoutable : une puissante vestigiale bien décidée à détruire les égides protectrices. Elle finira même par s’emparer de Cor. Au-delà de sauver son peuple de l’invasion dalienne, Ryn n’aura de cesse alors de chercher à sauver son frère. Et elle sera aidée en cela par un vieil érudit du nom d’Abram Finley.

C’est donc en duo que vous parcourrez l’aventure d’Echoes of the End. Et même si Ryn refuse toute aide, ne voulant pas saisir la main de qui que ce soit, de peur de le blesser, elle devra bien accepter l’aide indispensable d’Abram. Notons que celui-ci ne sera toutefois pas toujours là. Bien qu’il s’agisse d’un jeu d’action-aventure, le titre accorde une grande importance à ses personnages et à son histoire. Le loreReprésente l'histoire et les traditions autour d’un univers de fiction, ne constituant pas l’intrigue principale d’une œuvre. d’Aema est assez riche et la dimension narrative du soft, avec de belles cinématiques marquant régulièrement l’épopée de Ryn, indiscutable. Sans être exceptionnel, tout ceci enrichi efficacement l’expérience et crée l’ambiance dans un univers original. Pour appuyer encore plus là-dessus, nos protagonistes ne cessent de discutailler lors de leurs pérégrinations, avec parfois la possibilité de choisir le sujet abordé. Notons que tout cela se fait dans un anglais tout à fait satisfaisant, avec des sous-titres en français, ce qui n’est pas toujours pratique en pleine action si l’on n’est pas anglophone, mais ce n’est pas forcément là que se disent les choses les plus importantes.

Un petit coup de main ?

La musique, elle, est très discrète, mais efficace. Dans un pur style cinématographique, elle s’inscrit dans la dimension épique recherchée par le titre qui alterne moments intenses et accalmies propices à la confidence. Si Echoes of the End prend plusieurs directions en termes de gameplayOu « jouabilité » en français, fait référence à la façon dont le joueur interagit avec un jeu vidéo., c’est avant tout un jeu d’action où l’on pratique le combat à l’épée, aidé de nos compétences magiques qui deviennent de plus en plus puissantes au fur et à mesure que l’on avance dans l’aventure. Attaque normale et puissante, esquive, roulade, parade, blocage et verrouillage de cible, tous les procédés habituels sont au rendez-vous, tout comme le mana que les compétences magiques consomment et que les attaques physiques rechargent. Certaines attaques (signalées par un faisceau blanc) ne pouvant pas être bloquées, elles doivent être esquivées ou, mieux, parées afin de déstabiliser l’adversaire et contre-attaquer en retour. Mais attention, celles avec un faisceau rouge ne peuvent pas non plus être parées et doivent donc absolument être esquivées. Les ennemis se battent eux-aussi au corps-à-corps, mais certains attaquent également à distance et d’autres sont dotés de boucliers. Il faut alors briser leur posture par une compétence ou une parade, pour pouvoir leur faire de véritables dégâts. Et les finishings à base de décapitations et autres démembrements sont fort sympathiques.

L’utilisation des objets de l’environnement que l’on peut projeter sur nos cibles est également une option, tout comme les propulser dans le vide ou la lave pour s’en débarrasser plus rapidement, ou encore les envoyer les uns sur les autres. Une compétence permet par ailleurs de drainer les points de vie des adversaires pour se refaire une santé tout en réduisant la leur. Et il reste la possibilité de faire des combos avec Abram qui peut étourdir pour nous les cibles désignées, faire tomber ou se saisir de certains adversaires pour que l’on puisse les exécuter en one shot. Les combats sont donc assez complets, tout en restant très classiques. Le tout reste tout à fait gérable, seuls les boss et certains passages enchaînant les combats face à de nombreux adversaires, donnent un peu plus de fil à retordre. Au pire, il y a trois niveaux de difficultés modifiables à la volée. Par contre, le ressenti n’est pas optimal, et la caméra ne suit pas les cibles, même verrouillées, ce qui n’aide pas à toujours bien orienter les coups, sans parler des chutes inopinées ou de commettre l’erreur de marcher dans le feu ou de tomber dans l’eau, élément qui nous est systématiquement fatal. De plus, les compétences magiques que l’on déclenche ne sont pas toujours celles que l’on souhaitait. Enfin, outre le fait qu’il n’y ait pas de changement d’arme possible, ni d’innovation particulière, on reprochera aux animations des attaques d’être beaucoup trop longues. On ne peut en effet pas les interrompre pour parer. Une fois enclenchées, on ne peut qu’assister aux conséquences de nos choix, le pire étant le lancer d’épée dont il faut attendre le retour.

Un patch a rapidement été apporté pour lutter contre le stutter et rendre les combats plus fluides, mais cela ne résoud pas les autres soucis. On finit toutefois par s’habituer et à apprendre à faire avec. Cela est alors beaucoup plus plaisant, mais bien entendu perfectible. Ce n’est toutefois pas le seul problème : la technique reste globalement imparfaite. On peut citer en vrac les personnages qui se bloquent dans le sol, se traversent impunément, ne faisant parfois plus qu’un, ou encore Abram qui ne prend pas sa position et oblige à relancer le jeu au dernier checkpoint pour le retrouver au bon endroit… et surtout les nombreux plantages rencontrés, surtout dans les derniers chapitres, tant et si bien que cela m’aura pris 25-30 h pour un jeu qui doit se boucler en 20-25h en cherchant à tout voir, et en 15h en ligne droite (il y a même un succès consistant à le boucler en moins de 10h). J’ai aussi eu droit à un bug bloquant, mais l’équipe a rapidement réagi et de manière efficace pour réparer mon fichier de sauvegarde et me permettre de poursuivre l’aventure. Dans la série des doléances, j’aurai aussi l’animation des sauts de Ryn qui semble rester en lévitation quelques secondes, tout comme le fait qu’Abram puisse popper d’un coup à nos côtés.

De grandioses environnements énigmatiques

Quant au fait de se retrouver parfois bloqué derrière un pauvre caillou qu’il nous faut contourner alors que l’on vient de faire des prouesses juste avant, ce n’est pas très cohérent. De même, si l’on ne franchit certains passages que grâce à notre pouvoir de vestigiale, pourquoi Abram, simplement aidé de son grappin, est-il déjà là lorsque l’on arrive, serait-il finalement plus fort que nous ? Il faudrait aussi expliquer comment des monstres sont parvenus à rejoindre ces lieux. Ces derniers, qui se rajoutent aux ennemis daliens, souvent sous forme d’animaux géants (scorpions, crabes, escargots…), s’étoffent à chaque chapitre. Sans offrir un énorme bestiaire, le soft offre ainsi régulièrement une petite touche de nouveauté. À côté de cela, les décors traversés sont grandioses et offrent de la variété : forêt, montagne, grottes, ruines, égouts, cité sous-terraine, glaciers ou, au contraire, terres volcaniques avec lave, geysers, boue en ébullition… Il faut dire que les développeurs avaient à leur disposition les paysages islandais qu’ils ne se sont pas privés de scanner.

Le jeu dispose ainsi de graphismes de qualité et n’est pas avar en magnifiques panoramas pour mettre en valeur ses éblouissants environnements. On ne peut, dès lors, s’empêcher de penser à God of War, que ce soit par les décors, les gigantesques structures que l’on croise, le voyage très balisé qui nous est proposé, l’univers fantasy médiéval, ou bien entendu le duo formé avec Abram. Mais au-delà de cela et des combats, le titre propose aussi pas mal de séquences de plateformes et de puzzles environnementaux, qui font aussi penser à des titres comme Tomb Raider, Hellblade, ou encore Uncharted. Notons au passage la présence d’un clin d’œil au Seigneur des Anneaux. Double saut, glissades, dash, tyrolienne… toutes les options classiques sont à nouveau là, le cahier des charges est correctement rempli. Si la partie exploration est intéressante, malgré ses murs invisibles dès que l’on s’écarte un peu trop, elle souffre, elle aussi, de ce problème de caméra qui ne permet pas d’avoir une bonne visibilité, sans parler des moments où Abram vient carrément l’obstruer en se positionnant devant nous. Il en résulte des passages de plateformes ou d’escalade rageants quand on échoue faute de parvenir à bien voir les choses. 

L’introduction de lanceurs gravitationnels et de séquences jouant avec les illusions et le contrôle de la gravité est un peu plus original et aurait mérité d’être encore plus développé. Pour ce qui est de la collaboration avec Abram, qui peut activer ou désactiver des mécanismes, elle est, une nouvelle fois, nécessaire pour résoudre les énigmes environnementales qui, à chaque chapitre, apportent leur touche de nouveauté (échos permettant de se dédoubler puis de réintégrer sa position initiale, chronovalves pour jouer avec le temps en contruisant ou en déconstruisant ainsi des structures…). Les puzzles ne sont pas toujours faciles à résoudre et il faut parfois bien réfléchir, les indications d’Abram, censées nous aider, n’étant bien souvent pas suffisantes. Enfin, nous terminerons par le petit côté RPG du titre, très léger, avec seulement un arbre de compétence. Mais point de véritable loot, d’inventaire, d’équipement à gérer, de quêtes annexes, ou encore de craft, seulement des notes à récupérer ici ou là pour étoffer le lore et des objets secrets à collectionner et à récupérer dans des coffres cachés dans l’environnement, en dehors du chemin balisé, ce qui oblige non seulement à bien observer, mais aussi à aller partout pour les trouver. Et parfois, on a beau les voir, encore faut-il trouver comment parvenir à les rejoindre. C’est là aussi que se trouvent des fragments de cristaux permettant d’améliorer le niveau de mana et de points de vie de Ryn. Un RPG ultra-light, quoi.

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Nyam Hazz
Même si Echoes of the End ne réinvente pas la roue et recycle pas mal de choses déjà vues, qu’il est techniquement perfectible, que sa gestion de la caméra est à revoir et que ses combats manquent de ressenti, il n’en demeure pas moins qu’il fait plutôt bien le taf. C’est une bonne aventure, dans de somptueux décors grandioses avec une musique épique et un lore solide, qui m’aura fait passer un très bon moment. Pour un premier jeu d’un tout jeune studio, c’est plutôt prometteur. Et comme le titre se termine en laissant planer la possibilité d’une suite, pour ma part, je suis partant pour une nouvelle aventure avec plaisir et curiosité sur les progrès qui seront alors accomplis.

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